Chasse aux pauvres-BARBES: Samedi 10 Septembre 2011

VOL A LA TIRE CONTRE VENTE A LA SAUVETTE

 

9h30 - Le fourgon peugeot boxer blanc imatriculé 831 NWR 75 du commissariat de la rue de Clignancourt est déjà stationné sur la rue Guy Patin, en compagnie d’un véhicule de police de la brigade canine immatriculée AH-950-WB. On se dit que leur présence en standby annonce une matinée calme, mais on se trompe.

10h15 - La chasse est ouverte. Les cinq agents en civil percent la foule et attrappent les sacs de provision ici et là, les caddies et sac à dos, présupposant que leurs victimes sont de toute façon des voleurs et receleurs. En résumé, ils volent au nom de la loi. Une femme tchétchène se fait arracher son sac avec ses documents personnels. Elle tente une première fois de réclamer son sac, mais les flics la repoussent et lui disent de « dégager  » (sic). Le chauffeur du fourgon, pour seule réponse, lui montre l’écran de son téléphone portable avec des photos de sexe. On pourrait douter, mais il est bien de la police...

10h34 - Finalement, après insistance, les flics vont chercher les affaires de la dame tchétchène et lui remettent son sac à main, mais gardent le sac à dos qui le contenait. Entretemps, un autre flic en civil est revenu en maintenant par le bras un jeune pakistanais menotté et en pleurs. Son tort : il vendait du maïs. Son sac de maïs a été saisi, il repose sur la chaussée. Le jeune garçon est finalement relâché, mais il pleure toujours. Il nous explique qu’il a été frappé par le policier d’un coup de poing au torax. J’entends un des deux flics de la brigade canine alpaguer un vieil algérien qui lui réclame son sac : «  Tu vas me lacher ! Pas de sac ! Allez dégage, va à la goutte d’or !  »

11h40 - Les flics se déplacent, profitant de leur départ pour raffler des sacs et des caddies sur le trottoir qui longe le métro, de force, en tutoyant et en menaçant les gens qui sont autour. La voiture de la brigade canine suit les flics en civil et intimide les curieux. Au croisement du boulevard de la Chapelle et du boulevard Barbès, un flic à casquette passe par dessus la barrière et vient saisir le sac en bandoulière d’un homme qui se tient là sans rien faire, puis le tire vers la chaussée et commence à fouiller dans le sac. Il en sort un sachet plastique avec quelque chose dedans et le confisque. L’homme proteste, dit calmement qu’il s’agit de son sac personnel avec ses papiers administratifs. Le flic, sachant pertinement que l’homme dit vrai, sort les papiers, mais garde le reste. L’homme continue de protester, alors le flic de la brigade canine ouvre le coffre de la voiture et fait mine de sortir le chien, dont il tient déjà la laisse à travers la cage, pour lui faire peur. L’homme proteste et réaffirme qu’il est de bonne foi. Et là, devant tout le monde (c’est dire s’ils sont décomplexés), le flic à casquette lui dit « donne ta montre !  ». Il s’agit de la montre que l’homme porte au bras. «  J’te dis donne ta montre !  ». Au final, le flic saisit l’homme par le bras et lui enlève sa montre, avant de grimper dans la voiture qui s’en va. S’il n’était pas flic, on appelerait ça du vol à la tire.

12h00 – Rien n’est fini. On remonte le boulevard de la Chapelle en direction du marché. Les mêmes flics ont fait le tour de la station de métro et sont de nouveau là, à voler les sacs de vendeurs à la sauvette. Le ton monte, quelqu’un tente de résister à l’agression des flics en s’accrochant à la poignée de son caddie. Au moment où on s’approche, le flic à casquette est en train de traîner une femme tchétchène sur la chaussée en la tirant par les cheveux. La femme est allongée au sol, tenue par sa queue de cheval, et hurle. La foule ne supporte pas la violence du geste et commence à crier au flic de se calmer, mais celui-ci préfère jeter la femme au sol en même temps qu’il sort sa matraque téléscopique et menace les gens qui tentent de le calmer. Il ne la lâche pas et l’entraîne vers le fourgon. Juste à côté, ses collègues se lachent. Leur violence a engendré celle de la foule. Ils ont sorti les matraques et viennent de menotter quelqu’un. Aussitôt, la foule se rue sur eux en criant. Ils sortent les gazeuses et aspergent en direction de la foule. Mais rien n’y fait, la foule est hors d’elle et commence à insulter la police. En fin de compte, les flics s’extraient du merdier qu’ils ont provoqué, s’enfuyant sous les jets de canettes et de boîtes de conserves. On récolte ce qu’on sème.

La matinée se termine sur une occupation des lieux par les flics. Malgré tout, le marché libre reprend, dés que les forces d’occupation tournent le dos.

 

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