Chasse aux pauvres-BARBES: Mercredi 14 Septembre 2011

LACHER DE SANGLIERS SUR LE MARCHE

 

          La matinée s’annonçait plutôt calme. A croire que la volée de bouteilles essuyée samedi aurait un peu calmé l’ardeur animale des flics du quartier. De fait, avant 10:00 il ne s’est rien passé. Il n’y avait pas beaucoup de vendeurs et on sentait une certaine hésitation des porteurs de caddies à venir proposer leur marchandise.

10h00 - Avec une ponctualité certaine, deux équipes de trois flics en uniforme chacune, les uns en blancs, les autres en bleus, viennent avec leurs grosses pattes bousculer un peu les vendeurs, en beuglant des « dégage » guturaux dont ils ont le secret. Dans un premier temps, ils se contentent de « balayer » les cagettes et sacs qui ont été laissés sur place. Ils ne font que passer. Juste avant de quitter le terrain, l’un des flics en blancs vient discuter avec un flic en civil qui se tenait discrêtement de l’autre côté de la rue, à l’entrée des garages Vinci. Repéré, il s’esquive...pour mieux revenir.

10h45 – Cinq flics en civil du commissariat de la Goutte d’Or débarquent. Ils arrachent quelques sacs au passage, en n’oubliant pas de beugler sur les personnes qui protestent, puis remontent la rue des Islettes pour rentrer au poulailler. Dans la rue un peu plus haut, ils arrachent encore quelques sacs et caddies à des passants. Un touriste demande en anglais ce qu’il se passe. On lui répond que les policiers font leur travail : ils volent et agressent les pauvres. On peut, bien à propos, reprendre l’interrogation du commissaire Clouzeau (qu’on appelera désormais « la Panthère rose de Clignancourt ») : Vous imaginez, les touristes, quelle image ils ont de la France ? 

11h40 – Brutalement, surgie de nulle part, la brigade des sangliers de la Goutte d’Or déboule. C’est l’hallali, mais ce sont les bêtes qui chassent et les humains qui morflent. Sept flics en civil, décomplexés et violents, tapent dans le tas, arrachent les caddies et les sacs en faisant des vas et viens dans le marché, sans but, ayant pour seul objectif de chopper du pauvre. J’entends l’un d’eux s’adresser à son collègue qui est nouveau dans le métier de chasseur de pauvres : « Tu vas voir, on s’habitue vite ». Il saute ensuite sur une vieille dame africaine et lui arrache son caddie des mains. La vieille dame proteste, alors elle se fait pousser contre l’arrière d’une camionnette où le flic (le même qui donnait des conseils à son bleu de collègue la minute d’avant) la menace de son front et lui gueule de « dégager » (leur vocabulaire n’est pas varié, mais c’est déjà étonnant qu’un sanglier parle). Ils continuent leur échappée en direction du boulevard Barbès.

11h50 – Un couple chinois qui vendait un grand nombre de choses récupérées dans les poubelles se fait cogner près des grilles du métro. Le mari tombe et se fait mal à la jambe. Ça fait rire le flic, qui se moque de lui et fait rire ses collègues. Pendant quinze minutes, alors que les sept sangliers gardent les affaires du couple chinois, ils les humilient en les regardant de haut et en prenant à la rigolade leurs supplications. Beaucoup de gens sont témoins de ces brimades, comme à chaque fois que les flics viennent se défouler sur le marché libre de Barbès.

12h00 – Arrive le fourgon (immatriculé 831 NWR 75), accompagné de la voiture de la brigade canine (immatriculée AH-950-WB). Les sangliers jetent toutes les affaires ramassées à l’arrière du fourgon, puis s’en retournent au poulailler de la Goutte d’Or. La chasse est finie, du moins pour l’instant...

Sarkozy en rêvait, Guéant l’a fait !

Un veilleur des marchés libres

P.S. : Le marché libre de Barbès se tient tous les mercredi et samedi de 9h à 15h. Nous invitons tous les activistes sincères à venir faire de la veille avec nous, partout où cela est nécessaire, pour que les violences policières trouvent un terme.

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